mardi 18 décembre 2012

Le respect



 Le respect


-    Certains termes, certains concepts me sont plus chers que d’autres. C’est le cas du respect, qui se décline de tant de façons et dont l’absence est la cause ou la circonstance aggravante de tant des maux qui nous affligent. Les heurts entre communautés, entre familles de pensée, entre religions ou partis politiques seraient plus supportables si tous les individus savaient faire preuve de plus de respect mutuel, c’est à dire de maturité, voire d’intelligence.

-    Respect des personnes, évidemment, et de leurs différences, en autant qu’elles soient légitimes et aucunement nocives pour autrui. Respect des animaux, de leurs souffrances, de leurs droits qui leur sont niés, de notre planète et de sa biosphère dont nous ne sommes qu’un élément inessentiel. Mais aussi respect des droits, des principes, et particulièrement de l’éthique.

-    C’est en bonne partie ce manque universel de respect qui nous a conduits là où nous sommes, sur une planète polluée, dans un environnement où la vie se raréfie – et le bonheur aussi – au bénéfice de l’asphalte, du béton et du seul profit. C’est cela qui explique, ou qui cause, l’atmosphère de corruption universelle dans laquelle nous marinons, allant du je-m’en-foutisme de trop de citoyens au mépris de tant de dominants.
Et c’est pourquoi je trouve si déplorable l’attitude ostensiblement grossière que certains élus  professent à l’égard de leurs citoyens, et tout particulièrement celle de notre bon maire de droit divin, Monsieur Robitaille, maître de Terrebonne, à l’égard des femmes en général.
Par parenthèse, je plains les deux conseillères.

-    Ayant assisté à suffisamment de réunions du conseil, j’ai bien été forcé de remarquer la goujaterie avec laquelle il se permet de répondre aux citoyennes qui osent poser des questions, par contraste avec la simple condescendance dont il asperge les hommes.

-    Une fois, c’est une sinistrée au bord des larmes qu’il accuse de jouer la comédie. Une autre fois, c’est au tour d’une citoyenne qui demande des précisions de se faire traiter de “femme impossible à satisfaire” (ce qui, notons le, est tout de même plus poli que le traditionnel “mal baisée”). Enfin, lundi dernier, une brève panne de courant l’ayant privé de son micro, le maire continua de marmonner inintelligiblement. Une citoyenne se lève et lui fait, poliment, remarquer que l’assistance ne comprend rien de ce qu’il dit. C’est alors que le “maîre” a retrouvé sa voix, pour lui crier : «Calmez-vous, madame !». L’assistance, parmi laquelle se trouvaient des cols bleus sages et silencieux, a apprécié cette réponse pour ce qu’elle valait.

-    Pendant la période des questions, une autre citoyenne a demandé au chef des élus de bien vouloir s’excuser d’avoir répondu de façon inappropriée. Il s’est exécuté avec toute la bonne foi que l’on peut attendre d’un vieux routier de la politique, pour se plaindre ensuite que les “associés” de sa victime ne lui témoignaient pas assez de respect. J’ai beau chercher, je ne vois pas qui lui en a manqué, ni quand, ni à quel propos, à moins que le simple fait de demander des explications et des précisions ne soit cause suffisante pour s’offusquer de la sotte prétention de citoyens à sortir de leur rôle d’administrés passifs et muets.

-    Le problème, avec Monsieur le Maire, c’est qu’il souffre d’une désaffection chronique à l’égard des femmes. Cela ne peut que surprendre l’Européen d’origine que je suis, dans une province où le féminisme est presque religion d’État et la goujaterie relativement peu répandue dans la population en général. J’ai, en ce qui me concerne, le principe de faire abstraction des critères non pertinents, et qu’une question soit posée par un citoyen ou par une citoyenne est précisément un critère non pertinent. Ce n’est pas en fonction de qui pose la question qu’il faut répondre, mais à l’objet de la question.  Je trouve extrêmement regrettable que les femmes, qui sont tout de même la majorité de la population ici comme ailleurs (sauf dans les clubs privés, les séminaires et les conseils d’administration corporatifs), ne puissent se présenter aux assemblées publiques du conseil municipal sans craindre de se faire rembarrer en-dessous du minimal acceptable de politesse. Tous les citoyens ont droit au respect, même les femmes. Je souhaiterais donc que le prochain maire soit une mairesse, et qu’elle fasse preuve d’un égal respect à l’égard de toutes les citoyennes.

-    Même les hommes. _
Thibaud de La Marnierre.

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